SMART3D

Concevoir de la 3D justement dense et intelligente

SMART3D vise à développer une nouvelle vision de la 3D pour le patrimoine monumental afin de répondre à la fois aux questionnements propres à l’histoire des arts par l’incorporation d’une information visuelle enrichie, et aux nécessités de validation scientifique en étant support d’agrégation des données historiques mobilisées pour les restitutions grâce à la structuration spatiale qu’offre la 3D. Il réunit des équipes de deux instituts du CNRS : l’Institut de physique et l’Institut des sciences sociales et humaines, et mobilise les disciplines de l’histoire de l’art (InVisu), de l’optique et de l’informatique (LP2N), de la 3D pour le patrimoine (Archéovision) et de l’archéométrie (IRAMAT-CRP2A). Il bénéficie en outre du soutien de l’IFAO par sa contribution aux recherches du programme La fabrique du Caire moderne.

La base de l’expérimentation proposée est un grand décor néo-islamique étudié par Mercedes Volait in Maisons de France au Caire : le remploi de grands décors mamelouks et ottomans dans une architecture moderne, IFAO (2012). L’installation est caractéristique d’une production historiciste qui a connu de nombreuses déclinaisons à travers le monde au XIXe siècle, dans le sillage de la recréation médiévaliste de l’Hôtel de Cluny à Paris dans les années 1830 et des pavillons nationaux d’Expositions universelles. Son intérêt est d’illustrer un dispositif décoratif complexe, se composant à la fois de remplois d’éléments historiques, de répliques mécaniques d’ornements anciens, et de pastiches de décors patrimoniaux. Réalisé au Caire (Égypte) entre 1875-1879 pour servir d’habitation au grand écuyer de la couronne égyptienne, l’aristocrate Gaston de Saint-Maurice (1831-1905), ce grand décor architectural témoigne du goût en son temps pour l’antique d’époque islamique, en Europe comme en Égypte, et a inspiré nombre de réalisations ultérieures. S’il n’a pas survécu dans sa forme initiale, il a été partiellement déplacé et remonté en 1937 dans une nouvelle localisation au sein de la capitale égyptienne. L’ensemble est doté d’une exceptionnelle documentation (dessins, plans, photographies, textes, moulages). L’installation initiale subsiste en suffisamment de traces et de fragments dispersés pour qu’une restitution polychrome détaillée puisse être tentée. L’enjeu est de pouvoir réunir des données architecturales, des données physico-chimiques et des données visuelles dans un même modèle 3D et de faciliter la navigation parmi elles. La méthodologie résultante se veut un standard.

L’enjeu de SMART3D est d’éprouver un mode opératoire interdisciplinaire, et par ce biais de structurer une recherche sur la visualisation du patrimoine monumental. Le projet prend appui sur des unités engagées dans la production de standards. InVisu a à son actif plusieurs réalisations de référentiels sémantisés à des fins de linked data et de publication sur des plateformes d’agrégation de contenus. Archéovision pilote le Consortium 3D SHS, labellisé par la TGIR Huma-Num pour coordonner la mise en place de standards d’étude et de conservation pour l’usage de la 3D en SHS. Les premiers corpus issus de cette étude pourront servir de base de référence pour d’autres études similaires.

Le projet prévoit une ou deux campagnes d’acquisition de données sur place, le traitement en mode FAIR de la documentation historique relative au cas d’étude et la réunion de données d’objets analogues, ainsi que le développement d’un modèle 3D restituant analogiquement les volumes du grand décor documenté, mais aussi l’apparence visuelle des surfaces impliquées, et donnant accès aux sources du travail.


Le projet SMART3D est lauréat de l’appel à propositions interdisciplinaires 80|PRIME, lancé en 2019 par la Mission pour les Initiatives Transverses et Interdisciplinaires du CNRS à l’occasion de l’anniversaire des 80 ans de l’organisme.

Publié le 1er janvier 2019 , mis à jour le 11 février 2025.